« L’HOMME EST UNE ACTION MERVEILLEUSE
PARCE QU’IL VEUT LA VERTU [...]
L’HOMME EST UNE PENSÉE MERVEILLEUSE
PARCE QU’IL VEUT LA VERTU »
‘ THE MAN IS AN ACTION MARVELOUS
BECAUSE HE WANTS THE VIRTUE [...]
THE MAN IS A THINKING MARVELOUS
BECAUSE HE WANTS THE VIRTUE ‘
CHANOINE, PRÉSENTATION
CANON, PRESENTATION
L'historiographie ecclésiastique voit dans le mode de vie des Apôtres rassemblés autour du Christ, l'exemple fondateur de la vie canoniale. On y rattache en effet les principes de la vie communautaire, consacrée à Dieu, mais assurant également la propagation de la foi et les secours spirituels.
Les persécutions que les chrétiens subirent dans les trois premiers siècles, empêchèrent en beaucoup de lieux les clercs de vivre en commun : mais ils mettaient au moins leurs biens en communauté. La distinction que l'on fit en 324 des églises cathédrales d'avec les églises particulières, peut cependant être regardée comme le véritable commencement des collèges et communautés de clercs appelés « chanoines ». On voit dans saint Basile et dans saint Cyrille, que l'on se servait du nom de « chanoine » et de « chanoinesse » dans l'église d'Orient. Ces noms furent usités plus tard en Occident[1].
Le nom de « chanoine » apparut en Occident au IVe siècle, désignant les clercs que saint Augustin, évêque d'Hippone, avait rassemblé autour de lui en leur proposant une règle de vie commune.
La distinction d'un corps des chanoines par rapport au reste du clergé pourrait remonter à Chrodegang, évêque de Metz et auteur en 763 d'une règle de vie communautaire (la Regula vitae communis) inspirée de la règle de saint Augustin. Selon cette règle, les membres du clergé vivant en commun sous le toit épiscopal n'ont pas à faire vœu de pauvreté mais doivent respecter un certain nombre d'obligations, telles que le travail manuel et la confession deux fois par an. Les évêques de LyonLeidrade puis Agobard introduisent dans la capitale des Gaules la réforme canoniale voulue par Charlemagne. Cette réforme est renouvelée et diffusée par Louis le Pieux au concile d'Aix-la-Chapelle en 816[2].
Il était également précisé qu'ils devaient entendre deux fois par jour un chapitre (latin capitulum) de la règle de leur fondateur. Le terme aurait ensuite changé de sens pour désigner la réunion du conseil de l'évêque avec les clercs qui l'assistent : le chapitrecanonial. Les chanoines prirent alors une part de plus en plus importante à l'administration de l'église épiscopale.
Dès la période carolingienne, la vie canonique (latin vita canonica) devint un objet de préoccupation des conciles, notamment afin d'éviter l'enrichissement personnel des chanoines et d'assurer le respect de la règle.
Durant la réforme grégorienne, diverses réformes furent entreprises par les souverains pontifes, comme Nicolas II (en 1059), Alexandre II (en 1063, créant les chanoines réguliers, et excluant les laïcs de ces sortes de communautés).
Dès la première moitié du XIe siècle, de nombreux chapitres en Europe entreprennent d'eux-mêmes de reprendre une vie commune en respectant la règle de Saint Augustin. Les régions les plus gagnées par ce premier élan sont la Provence, la Toscane, la Lombardie et le Latium[3]. Dans la seconde moitié du siècle, de nombreuses autres régions d'Europe s'engagent dans cette voie[4]. Toutefois, de nombreuses communautés résistent à cette réforme et ne reprennent pas de vie commune ou s'engagent dans la pauvreté, tel le chapitre cathédral de Lyon par exemple[5].
D'autres rappels à la règle sont faits par Innocent II (et le concile du Latran, en 1139), ou encore Benoît XII (en 1339).
Le droit canonique et les statuts capitulaires ont distingué ou distinguent de nombreuses catégories de chanoines :
Aujourd'hui, on distingue principalement :
Les chanoines séculiers sont des clercs tenus à la récitation de l'office divin au chœur ; ils forment un chapitre de chanoines, collégial ou cathédral, réglé par des statuts, sous l'autorité d'un prévôt, mais restent propriétaires de leurs biens.
C'est semble-t-il à partir du xiiie siècle que, insensiblement, le terme canonicus est réservé aux clercs - ou au moins à certains des clercs - des églises cathédrales et des églises collégiales. Les chanoines forment alors le chapitre tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Les chanoines peuvent être de simples clercs ; mais, dans l'usage, ils sont tous prêtres et peuvent baptiser, absoudre et offrir le saint sacrifice. Dans les églises cathédrales, il y a toujours un chapitre de chanoines, dont les membres composent un des conseils de l'évêque ; avant la réforme du code de droit canonique de 1983, les fonctions curiales de la cathédrale leur appartenaient à tous collegialiter(collectivement) et étaient exercées en pratique par l'un d'eux - le vicaire-curé - au nom du chapitre. Le titre de chanoine est souvent, au xixe siècle, conféré à titre de récompense, ou comme retraite. Aujourd'hui et en France, le titre de chanoine est donné par un évêque à un curé ou à un prêtre de son diocèse à la carrière exemplaire.
Dans la Cité de Liège[6], les écolâtres étaient des chanoines qui avaient des responsabilités de contrôles, plus ou moins étendues selon les époques, des écoles élémentaires. Furent écolâtres au xviie siècle, à Liège : Christophe Blocquerie, Nicolas Rave, Gilles de Bocholtz, Jacques de Chocquier, Laurent de Méan, Jean-Ferdinand de Méan et Jean-Pierre Burman.
Les chanoines réguliers sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle.
Au cours des siècles, plusieurs règles de vie ont été observées par les communautés de chanoines réguliers.
La règle de saint Augustin s'est imposée progressivement entre le xie siècle et 1215 dans le sillage de la réforme grégorienne. Quasiment tous les réformateurs et fondateurs de communautés canoniales depuis le xie siècle finirent par l'adopter. On parle alors de famille (et non d'ordre) des Chanoines de saint Augustin, parce que leurs établissements pouvaient se donner des constitutions particulières qui précisaient l'application de la règle (par exemple : les chanoines de Saint-Victor).
Jusqu'au xie siècle, ils ne furent pas astreints à la mise en commun de leurs biens. Au xie siècle, saint Pierre Damien considère que cette mise en commun est ce qui les distingue des chanoines séculiers[7].
Ils vivent dans des abbayes qui ont pu avoir la puissance et le rayonnement attachés aux établissements monastiques. Ils mènent pourtant une vie non cloîtrée, et s'investissent de missions sacerdotales ou d'enseignement, voire sont responsables de paroisses.
Actuellement, certains d'entre eux mènent une vie consacrée, généralement en prononçant les vœux religieux, à l'instar des religieux, mais ils exercent le ministère des âmes en prêchant, enseignant, et administrant les sacrements comme le clergé séculier. Contrairement aux moines, certains ne sont pas tenus à la stabilité dans leur monastère de profession.
L'ordre Teutonique, réformé en 1929, est un institut de vie consacrée qui prend place parmi les chanoines réguliers[8].
Les chanoines laïcs sont pour la plupart des chanoines honoraires ou héréditaires. Il y a cependant quelques exemples de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même certains chanoines mariés titulaires : à Tirlemont en Flandre, il y eut une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés ; ils portaient l'habit ecclésiastique, mais n'étaient pas engagés dans les ordres[9].
Les présidents de la République française sont chanoines d'honneur de plusieurs basiliques et cathédrales.
Le président de la République (par héritage des rois de France) est chanoine de droit (ou parfois honoraire) de plusieurs églises.
Il est ainsi :
Lorsque le roi faisait son entrée dans une de ces églises, on lui présentait l'aumusse et le surplis[12].